Dans le dédale de ma demeure, un jour, je vis surgir une sauterelle, créature si étrange, que mon âme, avide de mystère, fut aussitôt ensorcelée. Ses pattes fines, aux nuances de jade, frôlaient la moiteur de l’air, laissant derrière elles une trace imperceptible, comme le poète laisse ses mots flotter dans l’éther.
Oh, sautilleuse énigmatique, muse inattendue de mon humble abri, toi qui danse sur les écorces des souvenirs, tu es l’incarnation fugace de la beauté éternelle. Tel un poème de Baudelaire, tu te tiens là, à la frontière de l’ordinaire et du surnaturel, rappelant à l’homme sa petitesse face à la nature, à l’infini des possibles.
La beauté se niche parfois là où on ne l’attend point et la poésie, telle une sauterelle, peut surgir au détour d’une journée banale pour éveiller l’âme à l’infini des songes.